Suis-je paranoïaque?

Geoff Smith Portrait

PAR Geoff Smith

POSTÉ LE mardi 17 septembre 2019

Il y a longtemps, j’ai pris tous les CD de musique que j’avais achetés au fil des ans et je les ai téléchargés sur mon ordinateur portable. Bon, pas tous bien sûr, le disco a mal vieilli, mais après quelques décennies, j’avais beaucoup de très bonne musique à numériser. Plus tard, j’ai commencé à acheter ma musique directement auprès d’Apple, pour 99 cents la chanson. Au moins, j’ai cru que je l’achetais, j’ai certainement payé avec de l’argent réel (iTunes a très bien réussi à éliminer les chansons que j’avais téléchargées gratuitement sur Napster, ce qui est tout à fait normal).

Apparemment, Apple et moi n’étions pas sur la même longueur d’onde. À un moment donné, ma musique a commencé à être déplacée dans le nuage, et j’ai perdu les fichiers que j’avais achetés et que je pensais posséder. J’avais acheté la légendaire interprétation de Joe Cocker « With A Little Help From My Friends » à Woodstock, mais le nuage m’a donné une version studio complètement différente portant le même nom. La majorité de ma musique était constituée d’enregistrement lors de spectacles en direct, mais je n’ai plus l’occasion de les écouter, j’ai seulement droit à la version de la chanson que l’algorithme d’Apple a envie de me montrer. D’un autre côté, comme ces entreprises aiment garder une trace de tout ce que je fais, nous avons pu résoudre le problème et restaurer ma bibliothèque d’origine.

Cela soulève une question : Comment puis-je perdre l’accès à quelque chose qui m’appartient? Pour moi, cela ne semblait pas différent d’un vol.

J’ai interrogé mes enfants à ce sujet et mon fils m’a indiqué une vidéo sur cette question dans le monde des services par abonnement, et on ne parle pas seulement des services numériques. La vidéo souligne que si un agriculteur achète un tracteur John Deere aujourd’hui, il lui est strictement interdit d’entretenir ou de modifier ce tracteur de quelque manière que ce soit. En cas de problème, l’agriculteur devait se rendre sur l’application, demander l’intervention d’un spécialiste de l’entretien et attendre qu’il arrive. Vous n’avez pas le droit de réparer le tracteur que vous avez acheté, et la météo n’attend aucun réparateur. De plus, lorsque le système informatique de John Deere cesse de prendre en charge ce tracteur, l’agriculteur doit en acheter un nouveau. Ce qui semble soulever la même question : L’agriculteur est-il propriétaire de ce tracteur ou a-t-il simplement obtenu l’autorisation de l’utiliser pendant une période indéterminée conformément aux règles de John Deere?

Je pense maintenant à cette entreprise de construction que je suis censé diriger. Aujourd’hui, diverses applis prennent leur place dans tous nos processus de base, littéralement dans toutes nos activités. Nous n’avons aucun contrôle sur le coût, le contenu ou l’assistance de ces applis. Nous payons ce que l’éditeur de logiciels veut que nous payions, aussi longtemps qu’il le veut, car c’est lui qui s’occupe de l’entretien des logiciels qui sont devenus indispensables pour notre entreprise.

Voici donc la question : Dans dix ans, nos actionnaires seront-ils toujours les « propriétaires » de EllisDon ou disposeront-ils simplement d’une sorte de licence pour exploiter son « logiciel » (l’entreprise), conformément à des règles prédéfinies par le fournisseur?

Je pense que cela met réellement en évidence la valeur de nos logiciels internes et de nos solutions d’intelligence artificielle, mais je dois avouer que la question m’empêche encore à dormir parfois. Je n’arrive pas à échapper à ce sentiment qu’on veut me faire du mal.

Une simple question...