Comment créer l’entreprise traditionnelle de demain?

Geoff Smith Portrait

PAR Geoff Smith

POSTÉ LE mercredi 13 février 2019

De nouvelles entreprises dynamiques sont créées tous les jours pour tirer parti de l’avenir numérique du monde et pour perturber les modèles d’entreprises traditionnelles, comme celle dont j’ai la responsabilité de diriger. Bien sûr, il existe des géants technologiques (p. ex. Facebook, Amazon, Netflix et Google), qui veulent simplement s’emparer du monde.

Les entreprises « plus vieilles » disposent encore d’atouts considérables et dominent largement le marché, pour l’instant en tout cas. Presque toutes les entreprises commerciales que nous rencontrons durant notre parcours ont existé pendant de nombreuses années en tant que cheffes de file dans un monde analogique, et elles (nous) sont toutes déterminées à réussir pendant de nombreuses années à venir. Nous savons donc que nous devons transformer notre identité. Qu’est-ce que cela signifie exactement?

Ainsi : S’il est simple de dire que toute entreprise doit devenir une entreprise basée sur des logiciels (c’est le cas), il est également impossible de savoir la façon dont cela se déroulera et combien de temps cela prendra. Cet article n’a pas pour but de nier l’avenir ou de retarder l’inévitable, mais de réfléchir comment aller du point A au point B. Si une entreprise a été fondée en se fiant à un personnel formidable qui cherche à donner un véritable sens à leur vie professionnelle, que faire lorsque les machines (IA, apprentissage automatique, etc.) menacent de remplacer la plupart de ces emplois? Que faire lorsque la révolution numérique bouleverse la structure de votre secteur, votre entreprise et les carrières individuelles qui s’y déroulent?

J’ai lu récemment que si les professionnels du « savoir », comme les avocats et les médecins, sont fortement menacés par l’IA (puisque les machines feront instantanément de meilleures recherches juridiques et de meilleurs diagnostics médicaux), mais les professions des « soins », telles que les infirmiers et les infirmières, existeront toujours. Il y aura toujours une demande pour l’assistance humaine, l’empathie, les soins et la sécurité par des spécialistes. Soyez l’entreprise vers laquelle vos clients se tournent en cas de besoin, non pas pour le savoir (qui sera la marchandise numérisée), mais pour les aspects qui vont au-delà du savoir. La demande sera très élevée, et vos concurrents qui ont objectivement les bonnes connaissances n’auront plus d’offre, parce qu’ils n’ont jamais pensé de cette manière et ne peuvent pas y arriver.

J’ai lu récemment que l’une des principales banques canadiennes, qui s’investit pleinement dans la technologie financière, se concentre également sur la revitalisation de son réseau de succursales. Cela signifie pour moi que l’on est conscient qu’il faut à la fois « des médecins, des infirmiers et des infirmières » pour assurer les « soins » de santé financière.

Je comprends que l’apprentissage automatique calcule les probabilités de tous les résultats possibles, ce qui est l’essence même de l’analyse des risques. J’espère également que mes concurrents (et les perturbateurs) parviendront aux mêmes conclusions fondées sur l’analyse, sur la base des mêmes données historiques, et qu’ils penseront tous globalement de la même manière. Si l’esprit d’entreprise n’est que la combinaison d’une pensée originale et d’une soif d’action, et si la plupart des gens n’ont pas l’esprit entrepreneurial (ce qui n’est pas le cas), et si les données sont historiques et ne reposent pas sur une base entrepreneuriale (certaines le feront, la plupart non), et si l’auteur de l’algorithme est guidé par les données plutôt que par la curiosité entrepreneuriale, eh bien, vous voyez où je veux en venir. Les machines ne prennent pas de risques, les gens en prennent, mais la plupart d’entre eux n’en prennent pas vraiment. Les entreprises uniquement axées sur les données se marchandiseront et les entrepreneurs triompheront. Comme toujours, la question restera toujours la même : comment conserver ce courage entrepreneurial au fur et à mesure que l’entreprise grandit et que les années passent?